Comment transformer son anxiété en action ?

Lorsque l’on prend conscience de l’urgence écologique, il peut arriver qu’une légère angoisse pointe le bout de son nez. Pour comprendre comment la transformer, nous avons interrogé Jean Le Goff, psychosociologue auteur d’une recherche sur le rapport à l’angoisse des militants climat. Selon lui, l’éco-anxiété est un “sentiment douloureux” face auquel il y a deux types de réactions psychiques :

• La défense : on essaie de ne pas ressentir ce qui est douloureux.

• L’élaboration : on essaie de faire une place à ce qui est douloureux, on le déplie et on le transforme, on rend ça vivable.

Si la défense peut sembler plus confortable à court terme, l'élaboration “a plus de chances de produire des actions ajustées, créatives et efficaces", souligne le psychosociologue. Alors, on accueille nos émotions et on passe à la dernière étape du deuil : l’acceptation et l’action.

Accepter le ressac

Contrairement à une idée reçue, l'éco-anxiété n'est pas nécessairement un frein à l'action. Jean Le Goff met en garde contre une vision trop manichéenne de “l’éco-anxiété qui bloque et l’éco-gaieté qui permet d’agir”. L’enjeu n’est pas de “passer d’une position à l’autre mais de trouver de la joie dans l’éco-anxiété”.

Des pistes concrètes pour agir

• Rejoindre un collectif : L’action collective offre des ressources immenses, un soutien. Et pas uniquement dans la sphère personnelle, car dans les entreprises, les collectivités territoriales etc. naissent bon nombre d’associations écolo internes qui font de la pédagogie sur ce sujet. Vous pouvez créer ou rejoindre un groupe de soutien au boulot, comme le permettent Les Collectifs, qui regroupent sur leur plateforme les actions constructives menées par des salarié.es d’entreprise partout en France et vous aiguillent sur la marche à suivre pour créer le vôtre.

• Parler de ce qu’on ressent et ce qu’on vit : En se rendant par exemple à un Café Climat : 1h30 de conversation dans un cadre sécurisant et chaleureux. Des discussions qui permettent de partager des choses douloureuses et de vivre un moment d’humanité et d’échange.

• Accepter l’ambivalence : Deux caricatures cohabitent. D’un côté l’écolo casse-pied. De l’autre, les non convaincus, qui seraient des gens des classes populaires qui se foutent intégralement de l’écologie. Or tout le monde fait face aux mêmes contradictions, s’inquiète pour la santé de ses enfants, pour la sauvegarde de la nature et des animaux, pour la dégradation du climat tout en se disant aussi qu’il a quand même envie de mener sa vie et de profiter. Il faut donner de la place à l’ambivalence pour se donner la possibilité d’évoluer.

• Cultiver l’émerveillement face à la nature. Jean Le Goff n’a rien dit à ce sujet, mais on imagine aisément que pour avoir envie de sauver le vivant, le mieux est encore de se vautrer dans sa beauté en prenant le temps de l’observer (on vous en parlera dans une autre newsletter !).

Pour aller plus loin :

• S’inscrire à la campagne “Tu flippes ?” de l’association On est prêt et le groupe de discussion Discord qui l’accompagne, pour faire voler ses peurs en éclats en échangeant avec les autres membres.

• Assister à un Greenwashing Comedy Club, un comedy club “sans trace d'anxiété qui va muscler tes zygomatiques” dixit eux-mêmes.

Pour aller encore plus loin :

• Le livre Dépasser son éco-anxiété d’Élodie Georges et Arnaud Gauthier (ed. Eyrolles) offre des clés essentielles pour comprendre ses ressentis et apprendre à les accepter et à les dépasser.

• Le roman Les Solastalgiques de Martin Hirsch (ed. Stock) pour se plonger au coeur des dilemmes et des angoisses des nouvelles générations à travers un polar palpitant.