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Fleurs écolo : un peu, beaucoup, pas du tout ?
Ferez-vous partie des 1,3 million de personnes qui offrent chaque année des fleurs à la Saint Valentin ? Une chose est sûre : des fleurs fraiches en plein hiver, pas super écolo... Alors si, comme pour les fruits et légumes, on privilégiait enfin des bouquets de saison responsables ?

S’il y a un secteur qui peine à se convertir à l’écologie, c’est celui des fleurs. En France, plus de 80 % des bouquets vendus - pour près de moitié des roses - viennent des Pays-Bas. Premier exportateur mondial avec 61 % du marché, le pays se fournit lui-même pour un tiers en Afrique (Kenya, Éthiopie) et 20 % en Amérique latine.
Pourquoi ce détour ? Les Pays-Bas sont la plaque tournante de ce marché hyper mondialisé : chaque année, 11 milliards de fleurs y transitent, négociées aux enchères, puis réexpédiées par avion-cargo ou camions réfrigérés. Résultat : un bouquet de 30 roses importées peut émettre jusqu’à… 60 kg de CO2, l’équivalent d’un vol Paris-Londres !
Des fleurs bourrées de pesticides
Ce n’est pas tout. Pour être calibrées, les fleurs sont aspergées de pesticides, souvent interdits en Europe : 15 pesticides en moyenne, avec un impact sur la biodiversité et les professionnels.
Certes, pour répondre à la demande croissante de fleurs plus écolo, le marché français s’adapte : depuis 2020, 1 à 2 fermes horticoles se créent chaque semaine en France. Et les labels (Fleurs de France, Fleurs d’ici) se multiplient. Mais attention ! Le Made in France n’est pas une garantie : 50 % de fleurs françaises suffisent pour en faire un bouquet tricolore.
Et puis, l’hiver, en Europe, les fleurs proviennent de serres chauffées, parfois éclairées jour et nuit, comme aux Pays-Bas. Donc très gourmandes en énergie : une rose néerlandaise peut émettre jusqu’à 5,8 fois plus de CO2 qu’une rose kényane ayant parcouru 10 000 km en avion !
Pas de « vraies » fleurs de saison l’hiver
Alors si vous voyez en ce moment des renoncules, des scabieuses ou des mufliers « de saison », ne soyez pas naïfs. « Quand on achète des fleurs en février, soit elles viennent de l’étranger, soit elles ont poussé sous serre ! », résume Sophie Jankowski, fondatrice de la ferme « Murs à fleurs », à Montreuil (93).
Peu de professionnels ont, en France, une démarche aussi écologique que cette horticultrice, avec des fleurs locales, sans pesticides et uniquement de saison. « Si on tient vraiment à une éthique écolo, il ne faut pas acheter de fleurs fraiches l’hiver ! », tranche Sophie Jankowski, qui ne vend l’hiver que des fleurs… séchées !
Pas facile d’être aussi radical - on le reconnaît - surtout quand on adore les fleurs ! Mais quelque soit le bouquet que vous choisirez (voir nos conseils 👇️), n’hésitez pas à interroger votre fleuriste sur le sujet. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Sophie Jankowski, fondatrice de la ferme florale « Murs à Fleurs ».
« Nos bouquets émettent 200 g de CO2, contre 2 kg habituellement ! »
Vous êtes une ancienne de La Poste. D’où est venue cette idée de cultiver des fleurs de saison 100 % bio ?
Sophie Jankowski : C’est grâce au climatologue Jean Jouzel ! Je l’ai rencontré en 2015 dans l’école de ma fille, il venait présenter les métiers de demain. Je l’ai remercié pour les perspectives données aux enfants, il m’a regardé droit dans les yeux et dit : « Mais c’est aussi vrai pour vous ! » Cela a été un déclic, j’ai décidé de me lancer !
Vous ne vendez que des fleurs de saison, donc pas de fleur l’hiver ?
S. J. : Effectivement, impossible d’avoir des fleurs fraîches en hiver, sauf à produire sous serre. Ce n’est pas notre choix ! Dès novembre, nous proposons des bouquets de fleurs séchées, récoltées l’été, vendus sur abonnement. Leurs graines peuvent être semées, contrairement aux bouquets classiques hybrides et stériles. Nous avons aussi des couronnes, des graines (40 variétés) et un parfum maison.
Comment faites-vous pour travailler sans pesticides ?
S. J. : On m’avait dit que c’était impossible, mais on y arrive ! Nous utilisons des purins naturels, des levures et du compost bio. Les fleurs poussent en plein champ, sans serre, avec un bilan CO2 très faible : moins de 200 g par bouquet, contre 2 kg habituellement. D’ailleurs, le public peut visiter nos champs d’avril à octobre, le samedi, et composer ses propres bouquets !
Quel type de fleurs choisir ? 🌸
Importées (pas écolo du tout) : les fleurs viennent souvent de loin (Afrique, Amérique latine), ou de serres gourmandes en énergie (comme aux Pays-bas). Évitez au maximum… 🫤
« Made in France » (un peu écolo) : La moitié des fleurs peuvent quand même venir de l’étranger, la plupart regorgent de pesticides et elles poussent sous serre l’hiver. Mais mieux que rien ! 🙂
Locales sans pesticides (plutôt écolo) : Pas facile d’en trouver (on compte une trentaine de fermes florales), mais nettement plus écolo ! 😁
Locales, de saison et sans pesticides (super écolo) : Radical, car suppose de renoncer aux fleurs fraîches l’hiver (c’est dur quand on adore !), mais c’est l’idéal pour la planète ! 🥰 😇
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