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"La protection des océans doit aussi être l’apanage des entreprises"

Cette semaine, nous avons rencontré Anne-Sophie Roux. Militante de la première heure, elle est désormais en poste au secrétariat d’Etat chargé de la Mer, faisant ainsi mentir le cliché des bifurqueurs, qui désertent les grandes entreprises ou institutions pour rejoindre ou créer leur start-up. “Un choix difficile” qu’elle nous raconte.

Comment s’est forgée votre conscience écologique ?

A-S. R. : J’ai grandi en Savoie, dans les montagnes aux écosystèmes fragiles et subissant la fonte des glaciers. Très vite, ça a forgé ma conscience écologique. Puis mes études à Science Po Paris ont été un tournant. Je me suis formé à la biologie marine, ça m’a passionnée et j’ai même passé mes brevets de plongeuse ! 

J’ai pu me rendre sur le terrain, comprendre l’importance majeure des écosystèmes marins, comme les herbiers ou les mangroves, dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Quelles ont été vos premières embûches et vos premiers accomplissements sur le terrain ?

J’étais frustrée du temps long de la recherche, j’avais envie d’agir vite car la situation est urgente. J’étais convaincue que la protection des océans ne devait pas être seulement l’apanage des biologistes marins, mais aussi des entreprises qui ont les moyens d’agir et qui ne qui s’intéressaient alors qu’aux émissions de carbone ! Pour sortir le sujet des sphères scientifiques, j’ai décidé de fonder l’entreprise Tenaka.

En impliquant directement les entreprises dans la restauration des écosystèmes marin en partenariat avec les biologistes locaux et les populations concernées, nous avons réussi à restaurer 3 ha de récifs coraliens et 20 ha de mangroves. Nous avons mis en place des mesures de suivi et d’impact pour éviter toute forme de greenwashing.

Parallèlement, j’ai intégré l’association Sustainable Ocean Alliance, une ONG pour laquelle je menais une campagne contre l’extraction minière dans les fonds marins.

Comment avez-vous franchi la porte du ministère ?

C’est en août dernier qu’on m’a proposé de travailler comme conseillère au ministère de la Mer. C’était un choix difficile, car cela supposait de quitter mes fonctions au sein de l’ONG et de mon entreprise pour travailler dans un milieu que je ne connaissais pas. Mais c’était une opportunité unique, peut-elle ne se reproduirait-elle jamais !

J’ai compris qu’en rejoignant le gouvernement, mes actions contre l’extraction minière auraient plus de portée, grâce à la diplomatie. J’ai donc accepté et cela a été un choix payant. Par exemple, nous avons mené des négociations victorieuses avec la Chine pour ajouter un principe de précaution à l’exploitation des fonds marins, chose qui aurait été impossible à obtenir au sein d’une ONG.

Je veux toujours aller là où mon impact sera le plus grand.

Par Pierre Fortin

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