C'est tout bénef !

Semaine de 4 jours, une utopie ? Tout (ou presque) dépend... de vous !

Bonjour c’est Vincent,

Je vous invite à une balade sur l’océan, à bord d’une goélette à deux mâts, longue de 36 m avec ses 12 couchettes... J’ai eu la chance d’y monter un jour de départ du Vendée Globe, à Saint-Malo, en 2022.

J’y ai été accueilli par Romain Troublé, DG de la fondation Tara Océan et ancien skipper professionnel devenu chef de mission scientifique. Son bateau-laboratoire parcourt les mers et océans avec des équipiers chercheurs pour étudier la biodiversité marine et observer l’impact du changement climatique et des pollutions. On leur doit une bonne partie de ce que la science sait aujourd’hui sur le grand bleu.

Si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce que Romain et ses équipiers nous alertent. Ils sont à Busan, en Corée du Sud, où vient de s’achever une négociation cruciale sur le futur traité international visant à mettre fin à la pollution plastique.

Eux savent et ont pu mesurer combien les particules de plastiques se sont immiscées partout… jusqu’à notre organisme, au point de menacer gravement notre santé.

Les plastiques sont responsables de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre qui pourrait atteindre 15 % d’ici 2050 si rien n’est fait, selon l’OCDE.

Le diagnostic est effarant. En 20 ans, la production mondiale de plastique a doublé. 15 % des déchets plastiques sont, certes, collectés en vue d’être recyclés, selon le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement).

Mais :

  • 46 % sont enfouis en décharge,

  • 17 % incinérés

  • et 22 % carrément abandonnés en milieu naturel ! 

Des solutions sont pourtant à portée de main, toutes identifiées par la Fondation Tara Océan, dont le fameux « 3 R » : RéduireRéutiliserRecycler.

La suppression pure et simple de plastiques inutiles et leur remplacement par des matériaux alternatifs (papier, carton, verre réutilisables…) permettraient de réduire la production de 96 % d’ici à 2040, selon l’OCDE.

Mais tout cela suppose de faire bouger les lignes. Et si cela commençait par la semaine de 4 jours… ou en allant travailler chez TotalEnergies ? Ça vous étonne ? Vous comprendrez mieux en parcourant notre newsletter. Bonne lecture !

La rubrique pour décarboner et vivre mieux

Semaine de quatre jours : une utopie ?

Travailler 4 jours avec le même salaire ? 70 % des Français·es en rêvent, selon une enquête de l’Ifop de mars 2024. Et 10 000 salariés l’expérimentent aujourd’hui dans leur entreprise, selon le ministère du Travail. Soyons honnête : nous aussi, on y pense ! Et c’est pour ça qu’on a décidé de creuser le sujet.

Sur le papier, l’idée de la semaine de 4 jour est séduisante, mais en pratique, qu’est-ce que ça donne pour les salariés, les entreprises et… la planète ? Pour le savoir, nous avons interrogé Philippe du Payrat, co-fondateur de 4jours.work, la branche française de 4 Day Week Global, une association internationale qui planche sur la question depuis plusieurs années, en collaboration avec 400 entreprises du monde entier. L’expérimentation française démarre d’ailleurs ce mois-ci.

WE à New York ou… jardinage ?

Résultat ? « À Valence, en Espagne, par exemple, la mise en place de la semaine de 4 jours a réduit le trafic de 9 % », assure Philippe du Payrat.

Si la semaine de 4 jours était appliquée en France, l’impact pourrait être majeur, sachant que :

  • 70 % des salariés vont au boulot en voiture, selon l’Insee,

  • les véhicules particuliers sont responsables d’environ la moitié des émissions liées au transports en France,

  • les transports représentent presque 30 % de l’ensemble des gaz à effet de serre (GES), selon le ministère de la Transition écologique.

Alors, la semaine de 4 jours, remède pour la planète ? À condition de rester sobre le 5e jour !

Car si vous décidez de faire un week-end de 3 jours à New-York, le vol a une empreinte carbone par passager de… 1,8 tonne de CO2, selon Bpifrance. Et si vous faites du shopping, vos achats ont aussi un impact : 472 kg de CO2 pour une télé, 179 kg pour un canapé, selon le comparateur Impact CO2.

En pratique, et on s’en réjouit, le jour gagné est employé pour des activités plutôt sobres (cuisine, jardinage, bénévolat…). C’est ce que montre l’expérimentation menée au Royaume-Uni avec les universités de Cambridge et d’Oxford, dont les résultats ont été publiés en 2023.

Le bilan pour la planète dépend aussi de la manière dont l’entreprise gère la semaine de 4 jours. Si c’est pour laisser ses bureaux chauffés toute la semaine, aucune économie d’énergie à en attendre !

Au final, difficile de chiffrer précisément l’impact carbone de la semaine de 4 jours, mais une chose est sûre : il est positif, à condition que le 5e jour reste sobre en consommation.

90 % des entreprises valident la semaine de 4 jours 

En revanche, le bénéfice pour les salariés et les entreprises est, lui, quantifiable. Les chiffres de 4 Day Week Global sont bluffants. « Après 6 mois de mise en œuvre, plus de 9 sociétés sur 10 ont poursuivi leur semaine de 4 jours » se réjouit Philippe du Payrat.

Avec plusieurs avantages pour les salariés :

  • moins de burn out (le risque est réduit des deux-tiers)

  • moins de stress (- 90 minutes en moyenne par semaine)

  • un meilleur équilibre vie pro / vie perso

  • une répartition plus équitable des tâches domestiques entre hommes et femmes

10 à 35 % de gain de productivité et de CA

Et, surprise, les entreprises sont elles aussi gagnantes :

  • moins d’absentéisme (jusqu’aux deux tiers),

  • moins de démissions (- 42 % au Royaume-Uni),

  • plus d’attractivité pour 80 à 90 % d’entre elles,

  • surtout, un gain de productivité et un accroissement du chiffre d’affaires de… 10 à 35 % ! Pourquoi ? Parce que les salariés sont plus concentrés et priorisent mieux leurs tâches.

Au vu de ces données, la semaine de 4 jours ne paraît plus si utopique que ça. « En 1926, personne ne croyait à la semaine de 5 jours. 20 ans après, c'était la norme », rappelle d’ailleurs Philippe du Payrat.

 Alors, permis de rêver ?

Rencontre avec celles et ceux qui sont passé.e.s à l’action climatique

« Mon conseil ? Allez travailler chez TotalEnergies pour faire bouger le système ! »

François Gemenne est politologue et professeur à HEC.

GIEC, COP29… François Gémenne est partout ! On a voulu en savoir plus sur l’homme qui se cache derrière le politologue : comment ce Belge qui voulait être diplomate est devenu l’un des acteurs majeurs du climat. Tout s’est joué lors d’une panne d’ascenseur.

Depuis quand vous intéressez-vous à l’écologie ?

François Gemenne : Depuis toujours ! Mes parents étaient professeurs, je regardais la télé, je lisais beaucoup… Quand j’avais 8-9 ans, j'ai même créé un petit journal qui s'appelait « Le Cri de la nature » avec des copains de l’école, nous écrivions des articles sur les espèces en danger, et nous le vendions dans la cour de récréation.

Vous avez étudié les sciences politiques pour devenir diplomate… Qu’est-ce qui vous a fait changer de voie ?

F.G. : Une rencontre dans un ascenseur ! En 2001, je fais un stage aux Nations Unies à New York. Un jour, je me retrouve coincé dans un ascenseur avec Enele Sopoaga, l'ambassadeur des îles Tuvalu aux Nations unies.

Pendant qu'on attend le réparateur, il m’explique que les habitants de son pays risquent d’être déplacés à cause de la hausse du niveau des mers. J'ai trouvé ça d'une injustice criante… et ça a été un déclic ! Car pour moi, la question environnementale est avant tout une question de justice.

Comment cette rencontre vous a-t-elle convaincu de devenir chercheur, plutôt que diplomate ?

F.G. : Après ma discussion sur Tuvalu, j'en parle à mon maître de stage, qui me sensibilise à la question des migrations climatiques. À l’époque, c’est un sujet dont on ne parle pas du tout ! L’idée fait son chemin, mes convictions vacillent.

Moi qui voulais devenir diplomate, je me dis que je serais très contraint dans ma liberté de parole, que ce n’est peut-être pas la meilleure solution pour avoir un impact, je me sens perdu.

J’embrasse finalement une carrière de chercheur, et m’intéresse à la question des réfugiés écologiques, qui devient le sujet de ma thèse. Je vais ensuite passer plusieurs mois à Tuvalu, cela me confirme qu’il faut agir vite sur la question du climat.

Quel livre vous accompagne dans votre engagement ?

F.G. : Tintin au Tibet ! Pour moi, c'est l'œuvre littéraire ultime. L’histoire de Tintin qui se lance à la recherche de son meilleur ami dans les montagnes du Tibet, alors que tout le monde lui dit qu’il n'a aucune chance de le retrouver, montre qu’il faut toujours y croire, même lorsque les éléments sont contre vous. C’est une belle leçon !

Quel conseil donneriez-vous à un.e jeune qui voudrait s’engager dans la transition écologique ?

F.G. : D'aller travailler chez TotalEnergies, parce que c'est là que ça se passe ! Je suis frappé de voir que certaines personnes pensent être plus utiles en dehors du système.

Le vrai enjeu désormais, ce n'est plus de sonner l'alerte, c'est d'essayer d'infléchir la trajectoire des grandes entreprises. Et de se demander, chaque jour : « De combien ai-je fait baisser les émissions de gaz à effet de serre aujourd'hui ? »

Une illustration simple pour sujet complexe

Smart les portables ? Oui ! Écolo ? Pas vraiment…

Faites-vous partie des 55 % de Français - ou des 78 % des 18-34 ans - qui ont participé au Black Friday ? Une chose est sûre, ce jour est funeste pour la planète. Exemple avec le téléphone portable, dont l’empreinte carbone est d’environ 31 kg de CO2, selon l’Ademe.

4 offres d’emploi et idées de boîtes pour (vous) bouger

Référent.e agricole /agrivoltaïsme - Rethic – Paris / Bordeaux (33) - Vous rêvez de travailler dans le photovoltaïque et de courir la campagne ? Pour accélérer l’installation de panneaux solaires dans les champs, le cabinet de recrutement Rethic cherche un.e ingénieur.e agronome capable d’identifier les projets pertinents, de convaincre les agriculteurs et de choisir la meilleure solution. L’offre est sur GreenUnivers.

Juriste de droit privé - Véolia – Aubervilliers (93)- Vous souhaitez mettre votre expertise (les textes de loi) au service de la transition écologique ? Tentez votre chance chez Veolia ! Le géant du recyclage et du traitement de l’eau a besoin d’un juriste pour conseiller les directions opérationnelles et fonctionnelles sur les problématiques environnementales, et pour rédiger et négocier ses contrats. Retrouvez l’annonce sur le site de l’entreprise.

Responsable Net Zero - Nestlé – Issy-les-Moulineaux (92) - Vous préférez changer les choses de l’intérieur plutôt que de partir élever des chèvres ? Parfait ! Nestlé recrute un responsable pour mener l’entreprise sur la voie de la neutralité carbone. L’offre est ici.

Ingénieur.e informatique industrielle - BioBeeBox – Floirac (33)- Vous êtes passionné par les objets connectés, et incollable sur les lignes de code interminables et les mystérieux algorithmes ? Ça tombe bien, BioBeeBox, qui a conçu un méthaniseur compact dans un conteneur, recherche ces compétences. Pour en savoir plus, c’est ici !

Un objet cult(urel) pour aérer vos neurones

C’est de la bombe ?

Alors que le nucléaire est devenu un symbole d’espoir pour les énergies dites « propres », l’exposition L’âge atomique retrace l’histoire de l’atome à travers ses représentations artistiques.

Réunissant près de 250 œuvres, elle nous en met plein les yeux avec le choc technique (découverte de la radioactivité), le choc historique (2 bombes atomiques), le choc esthétique (coucou les tutos Disney) et, enfin, le choc écologique. Avec Marie Curie, Le Corbusier, Kandinsky ou encore Yayoi Kusama en guest-star.

L’âge atomique - Les artistes à l’épreuve de l’histoire, Musée d’Art Moderne de Paris, jusqu’au 9 février 2025.

Une question pour envisager le monde autrement

« Que faire quand on s'est fait larguer ? », interroge Côme Girschig, conférencier sur l’écologie (et chroniqueur vidéo pour 2050NOW). Et de répondre :

« Nous cherchons à oublier la personne. Que l’on va appeler Marco. Imaginez maintenant que vous vivez dans une société où tout vous évoque Marco, la presse, la télé, la pub (...). Croyez-moi : vous allez avoir du mal à oublier Marco. »

D'où ce parallèle avec la transition écologique : il faudrait qu'on consomme moins, alors que le monde nous incite à l’inverse. Du coup... on fait comment ? Pour commencer, lisez le post Linkedin de Côme ! 

Vous aussi, vous avez des idées ? Envoyez-nous vos « Et si ? » par retour de mail. Seule contrainte : qu'ils soient réalistes !

Cette newsletter a été concoctée par : Pierre Fortin, Morgane Becker, Datagora. Coordination : Sandrine Trouvelot. Rédaction en chef : Aude Baron. Directeur général : Vincent Giret.

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