- 2050NOW
- Posts
- Je me mets au shokuiku !
Je me mets au shokuiku !
Les sols, notre assiette, notre santé...



Bonjour, c’est Vincent,
Comme le dit mon ami Benoit avec un sourire ironique, « L’écologie joyeuse, c’est une ascèse… » Une pratique exigeante et un brin volontariste… Et, par les temps qui courent, avec l’actuel « backlash écologique » – le recul des engagements et des ambitions sous la pression de crises multiples -, il faut s’accrocher…
Je voudrais pourtant vous partager notre conviction intime : à court terme, la plus grande menace n’est ni Trump, ni Poutine, mais de perdre notre optimisme, notre force vitale, notre envie d’agir…
Ces derniers jours, j’ai rencontré des scientifiques, des dirigeants et des acteurs associatifs à l’énergie contagieuse, tous proactifs :
Olivier, dirigeant du grand cabinet de conseil BCG, m’a confié que l’adaptation des entreprises au réchauffement climatique demeure bien une priorité, pour une raison simple : l’inaction coûte trop cher et c’est le meilleur argument...
Walter, fondateur d’OpenLande à Nantes, vient de réaliser une belle levée de fond pour déployer son savoir-faire dans l’accompagnement des territoires dans la transition. Et il fonce avec son équipe. Capucine, investie au sein du C3D, travaille sur un projet qui suscite l’enthousiasme autour du « leadership féminin » dans la transition…
La leçon est limpide : c’est dans la société civile – et donc autour de nous - que nous pouvons puiser la meilleure des énergies, et se reconnecter à son pouvoir d’agir.
Et vous, que percevez-vous autour de vous ? Un élan qui se renforce, ou un repli ? Comment faites-vous face ? Partagez votre ressenti à la fin de cette NL, ça nous intéresse…
Au sommaire cette semaine :
🚜 Le bio, ce n’est plus bobo ! (#turfu)
📊 Et pour la peine, on vous explique aussi les pesticides
💼 Si vous cherchez un boulot dans la RSE, on a ce qu’il faut !
🐦⬛ Un livre culte qui va vous bouleverser
💡 Et une idée folle… mais pas tant que ça ! 😃
N’hésitez pas à nous soumettre des idées de sujets si vous en avez. Bonne lecture !
Vous ne recevez pas la newsletter de 2050NOW ? Pour s’abonner, c’est ici. 👇️

La rubrique pour décarboner et vivre mieux

Récolte d’avoine, Ferme Gabert (Vercors). (photo : Alice Roy)
Réparer les vivants en réparant les sols ?
Le Salon de l’Agriculture bat son plein à Paris, on s’est donc penché sur le bio… Un truc de bobo ? Plus du tout ! Malgré les obstacles, les expériences viables se multiplient, et les chercheurs valident. La preuve avec un agriculteur du Vercors. Spoiler : on n’est pas prêt de lâcher l’affaire car il en va de… notre avenir !
Peut-être le savez-vous, comme tous les agriculteurs et les jardiniers du dimanche ? Plus un sol est riche, c’est-à-dire grouillant de champignons, de bactéries, d’insectes, de larves… plus les cultures sont épanouies et riches en saveurs. Malheureusement, avec l’artificialisation des terres et l’agriculture intensive, plus de 60 % des sols européens sont en mauvaise santé.
L’agriculture intensive appauvrit les sols
Pourquoi ? Parce que dans l’agriculture conventionnelle, on extrait ce qu’il y a de bon dans les sols puis, quand ils sont épuisés, on compense avec des engrais. Et quand on laboure, on détruit les micro-organismes, qui produisent la fertilité. En conséquence, les sols s’érodent, se salinisent, s’appauvrissent, et se retrouvent saturés de pesticides (la France est l’une des championnes dans cette catégorie ! 👇).
Le résultat ? Il est désastreux pour la biodiversité, pour notre alimentation et pour le climat – selon le Giec, le sol est l’un des meilleurs leviers pour stocker du carbone. « L’état des sols est directement lié à notre santé », résume le chercheur Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et grand spécialiste du sol.
« Les solutions sont à chercher du côté du vivant »
Que faire ? Peu de gens croient au développement à grande échelle de l’agriculture bio, qui reste marginale (14,4 % des fermes, et 10,4 % des surfaces en France). Pourtant, de plus en plus d’agriculteurs prouvent qu’un modèle plus durable est non seulement possible, mais viable.
« Les solutions sont à chercher du côté du vivant », assure Marc-André Selosse, qui a participé à un podcast sur le sujet avec Thierry Ailloud Perraud, dont la ferme Gabert est perchée entre Vercors et Écrins à 750 mètres d’altitude. 2050NOW a interrogé cet agriculteur pour en savoir plus.👇

Thierry Ailloud Perraud dans sa ferme du Vercors. (photo : Alice Roy)
« Notre modèle bio est viable et reproductible ! »
Vous vous êtes converti au bio en 1996. Quel a été le déclic ?
Thierry Ailloud Perraud : Pendant mon stage de fin d’étude, j’ai dû pulvériser un désherbant non autorisé entre les rangs de maïs. Cela a été radical : j’ai été malade trois jours ! Quand nous avons repris la ferme avec mon frère, nous n’avions pas envie de sacrifier notre santé. On s’est donc convertis au bio, puis on a arrêté de labourer au milieu des années 2000.
Les sols de votre ferme étaient dégradés, comment avez-vous fait pour leur redonner de la vie ?
Il y a trois piliers pour régénérer les sols. Nous avons mis en place la rotation des cultures, avec du blé, de l’orge, du sarrasin, du seigle, de l’épeautre, mais aussi de la luzerne et du trèfle. C’est essentiel pour enrichir la terre ! Nous avons aussi introduit des poules, car l’élevage amène des fertilisants et de la matière organique, et arrêté le labour, qui détruit le sol. Désormais, nous produisons moins, mais notre sol est vivant. Nous produisons de la fertilité ! Ce n’est pas valorisé d’un point de vue comptable, mais nous pourrons ainsi nourrir nos enfants demain !
Cette conversion au bio a-elle été difficile ?
Les premières années, oui !, car les rendements sont plus faibles. Aujourd’hui, ils sont inférieurs de 30 à 40 % par rapport à l’agriculture conventionnelle, mais cette situation est compensée par les économies réalisées sur les phytosanitaires, que nous n’utilisons pas. Le modèle est donc parfaitement viable, donc reproductible !
Manger des produits bio, c’est plus sain, mais c’est aussi retrouver du goût dans son assiette… ?
Oui tout à fait, acheter bio, c’est redonner toute son importance au goût. Car plus les sols sont vivants, plus ils ont des tannins, plus les cultures qui y poussent ont du goût. A mes yeux, il faut manger moins et mieux. Au final, ça ne revient pas forcément plus cher !
Si vous avez un potager, voici 3 conseils de Thierry Ailloud Perraud :
Semez des plantes entre les cultures (en hiver, cela protège les sols nus, sujets à l’érosion).
Mettez de la diversité dans votre jardin (cela limite les maladies).
Ne paniquez pas si un peu d’herbe pousse au milieu (Il n’y a rien de plus triste qu’un champ avec une seule espèce !)

Une illustration simple pour un sujet complexe
Plus ça va, plus on mesure l’ampleur des ravages causés par les pesticides. Sur l’environnement, mais aussi sur la santé, notamment des agriculteurs. Celui que nous avons interrogé en est la preuve ☝️ ! À l’occasion du Salon de l’Agriculture, on a jugé utile de faire le point en chiffres. Et bonne nouvelle : des alternatives existent. Il ne reste plus qu’à les généraliser… 🌱💡

Pour en savoir plus :
Quelques chiffres officiels sur le bio
Une étude de Générations futures sur les résidus de pesticides dans les fruits et légumes
Une étude de Générations futures sur la présence des pesticides

4 offres d’emploi et idées de boîtes pour (vous) bouger
Chef.fe de projets sites & sols pollués pour Artelia – Strasbourg (67) - Les terrains constructibles se font rares, aussi est-il important de remettre en état des vieilles friches pour y implanter de nouveaux bâtiments sans empiéter sur les terres agricoles. C’est ce que propose la société Artelia, qui recrute un.e chef.fe de projet pour ses opérations de dépollution. L’offre est sur GreenUnivers.
Ingénieur.e d’études ENR – R&D pour Air Booster – Le Haillan (33) - Transformer les parois en métal des entrepôts ou des bâtiments industriels en radiateurs géants ? C’est l’idée géniale d’Air Booster, une jeune entreprise qui récupère pour cela l’énergie du soleil. Pour participer à ce projet innovant, rendez-vous ici.
Inspecteur.ice technique Zone Ouest chez Sabi Agri – Ouest de la France - Vous êtes passionné.e de mécaniques et avez la bougeotte ? Parfait ! Sabi Agri cherche quelqu’un pour sillonner l’Ouest de la France afin de s’assurer que ses tracteurs électriques satisfont les exploitants. Pour participer à l’avènement d’une agriculture plus vertueuse, postulez sur leur site.
Responsable administration et finance de la Recyclerie La Pagaille – Ivry-sur-Seine (92) – Si vous êtes familier des formulaires et des tableaux Excel, ce poste est peut-être pour vous… La Pagaille est une recyclerie associative qui donne une seconde vie aux meubles et aux objets pour les sauver de la déchetterie. Pour consulter l’offre, c’est ici.
Vous aussi, vous recherchez LA perle rare qui a des conviction écolo ? N’hésitez pas à nous en faire part par retour de mail (ou dans un commentaire 👇️ ). Seule contrainte : que l’offre soit sérieuse.

Un objet cult(urel) pour aérer vos neurones

Et le silence fut…
S’il y a un livre à lire pour se convaincre qu’agir n’est pas vain (et à 2050NOW, on y croit plus que jamais ! 💪), c’est Printemps silencieux. Paru en 1962, cet ouvrage a fait l’effet d’«un cri dans le désert », selon Al Gore (le mot environnement n’existait même pas !). Son autrice, Rachel Carson (1907-1964), a dû affronter les lobbys de l’agrochimie, mais son récit a changé le cours de l’histoire.
Pourquoi ? D’abord, le livre mêle narration simple (« Il était une fois une petite ville au coeur de l’Amérique…») et rigueur scientifique. Ensuite, c’est la première fois qu’un lien est établi entre pesticides, biodiversité et santé. Enfin et surtout, cité par le président Kennedy, il a conduit à l’interdiction du DDT en 1972 aux États-Unis.
Pas étonnant qu’il soit à l’origine du mouvement écologiste… Et qu’il ait suscité de nombreuses discussions dans les dîners de famille à l’époque (demandez à vos grands ou arrière-grands-parents !).
Si vous ne l’avez pas encore lu, foncez ! À défaut, réécoutez cette chronique de France inter ou cette émission de France Culture.
Printemps silencieux, Rachel Carson, Éd. Wild Project, 12 euros (Première parution aux Etats-Unis en 1962)

Une question pour envisager le monde autrement

Le surpoids, dont l’impact sur la santé est prouvé, progresse partout… Sauf au Japon, qui n’a que 3,7 % d’obèses, contre 17 % en France et… 38,2 % aux États-Unis.
Le secret de ce pays qui a trois fois plus de centenaires que nous ? En 2008, le Japon a révisé son « School Lunch Act » (1954) en intégrant le concept de Shokuiku (éducation nutritionnelle) dans une loi appelée « métabo ».
D’où des mesures clé mises en place dans les écoles : suppression des distributeurs automatiques, 56 % minimum de produits locaux dans les cantines, formation de nutritionnistes, 50 h/an de cours sur la nutrition et les circuits agroalimentaires…
L’objectif ? Sensibiliser très tôt les enfants aux repas équilibrés et à la saveur des produits locaux. Sachant qu’ensuite, les parents adoptent les bonnes pratiques…
Alors, demain, de nouveau des cours de cuisine dans nos écoles ?
Vous aussi, vous avez des idées de « Et si ? » Envoyez-les nous par retour de mail. Seule contrainte : qu'ils soient réalistes !

Un espace de partage pour échanger
Comment les scientifiques ont gagné la bataille de l’ozone
C’est l’une des grandes victoires de la science ces dernières années. Dans sa dernière vidéo « succes story », notre journaliste Clément Lepape retrace toute l’histoire du trou dans la couche d’ozone. Un récit super documenté avec archives, explications scientifiques et… coiffures disco ! Ne le ratez pas 👇
Et aussi…
La géopolitique vous intéresse ? Foncez sur WARM by 2050NOW, notre nouvelle offre éditoriale sur « la géopolitique à l’heure des transitions » ? Pour s’abonner à cette nouvelle newsletter, c’est ici.
Vos messages
« On reçoit beaucoup (trop ?) de newsletters, mais celle-ci je la lis toujours avec une curiosité rare ». Ce commentaire reçu après la dernière newsletter nous est allé droit au cœur 🫶, mille mercis ! 🙏
Cela nous motive à fond pour la mission qu’on s’est fixée : expliquer et exposer des solutions. « Ne lâchez rien ! », nous dit un lecteur. Soyez-en sûr ! Motivés, motivés… 👊
Vous souhaitez vous aussi laisser un commentaire, ou faire des suggestions ? Il suffit de répondre à notre sondage un peu plus bas.👇
Vous voulez lire nos dernières éditions ? Elles sont le site de 2050NOW.
Vous souhaitez découvrir nos autres vidéos ? Rendez-vous sur Youtube et Insta.
Cette newsletter a été concoctée par : Agathe Vialleton et Pierre Fortin (journalistes), Datagora (infographie), Sandrine Trouvelot (rédaction en chef). Rédactrice en chef 2050NOW : Aude Baron. Directeur général : Vincent Giret.
Comment avez-vous trouvé cette édition ?Vous avez adoré notre newsletter et avez envie de la partager au monde entier ? On est ravi ! Vous l’avez détestée ou êtes mitigé.e ? On aimerait bien savoir pourquoi pour faire mieux la prochaine fois... Pour vous, elle est : |

Comment je fais pour éviter les pesticides ?