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Le conseil de François Gemenne pour le climat : « Aller travailler chez TotalEnergies »
GIEC, COP29... François Gemenne est partout ! On a voulu en savoir plus sur l’homme qui se cache derrière le politologue : comment ce Belge qui voulait être diplomate est devenu l’un des acteurs majeurs du climat. Tout s’est joué lors d’une panne d’ascenseur.
Depuis quand vous intéressez-vous à l’écologie ?
François Gemenne : Depuis toujours ! Mes parents étaient professeurs, je regardais la télé, je lisais beaucoup… Quand j’avais 8-9 ans, j'ai même créé un petit journal qui s'appelait « Le Cri de la nature » avec des copains de l’école, nous écrivions des articles sur les espèces en danger, et nous le vendions dans la cour de récréation.
Vous avez étudié les sciences politiques pour devenir diplomate… Qu’est-ce qui vous a fait changer de voie ?
F.G. : Une rencontre dans un ascenseur ! En 2001, je fais un stage aux Nations Unies à New York. Un jour, je me retrouve coincé dans un ascenseur avec Enele Sopoaga, l'ambassadeur des îles Tuvalu aux Nations unies.
Pendant qu'on attend le réparateur, il m’explique que les habitants de son pays risquent d’être déplacés à cause de la hausse du niveau des mers. J'ai trouvé ça d'une injustice criante… et ça a été un déclic ! Car pour moi, la question environnementale est avant tout une question de justice.
Comment cette rencontre vous a-t-elle convaincu de devenir chercheur, plutôt que diplomate ?
F.G. : Après ma discussion sur Tuvalu, j'en parle à mon maître de stage, qui me sensibilise à la question des migrations climatiques. À l’époque, c’est un sujet dont on ne parle pas du tout ! L’idée fait son chemin, mes convictions vacillent.
Moi qui voulais devenir diplomate, je me dis que je serais très contraint dans ma liberté de parole, que ce n’est peut-être pas la meilleure solution pour avoir un impact, je me sens perdu.
J’embrasse finalement une carrière de chercheur, et m’intéresse à la question des réfugiés écologiques, qui devient le sujet de ma thèse. Je vais ensuite passer plusieurs mois à Tuvalu, cela me confirme qu’il faut agir vite sur la question du climat.
Quel livre vous accompagne dans votre engagement ?
F.G. : Tintin au Tibet ! Pour moi, c'est l'œuvre littéraire ultime. L’histoire de Tintin qui se lance à la recherche de son meilleur ami dans les montagnes du Tibet, alors que tout le monde lui dit qu’il n'a aucune chance de le retrouver, montre qu’il faut toujours y croire, même lorsque les éléments sont contre vous. C’est une belle leçon !
Quel conseil donneriez-vous à un.e jeune qui voudrait s’engager dans la transition écologique ?
F.G. : D'aller travailler chez TotalEnergies, parce que c'est là que ça se passe ! Je suis frappé de voir que certaines personnes pensent être plus utiles en dehors du système.
Le vrai enjeu désormais, ce n'est plus de sonner l'alerte, c'est d'essayer d'infléchir la trajectoire des grandes entreprises. Et de se demander, chaque jour : « De combien ai-je fait baisser les émissions de gaz à effet de serre aujourd'hui ? »
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