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Semaine de quatre jours : une utopie ?
Travailler 4 jours avec le même salaire ? 70 % des Français·es en rêvent, selon une enquête de l’Ifop de mars 2024. Et 10 000 salariés l’expérimentent aujourd’hui dans leur entreprise, selon le ministère du Travail. Soyons honnête : nous aussi, on y pense ! Et c’est pour ça qu’on a décidé de creuser le sujet.
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Sur le papier, l’idée de la semaine de 4 jour est séduisante, mais en pratique, qu’est-ce que ça donne pour les salariés, les entreprises et… la planète ? Pour le savoir, nous avons interrogé Philippe du Payrat, co-fondateur de 4jours.work, la branche française de 4 Day Week Global, une association internationale qui planche sur la question depuis plusieurs années, en collaboration avec 400 entreprises du monde entier. L’expérimentation française démarre d’ailleurs ce mois-ci.
WE à New York ou… jardinage ?
Résultat ? « À Valence, en Espagne, par exemple, la mise en place de la semaine de 4 jours a réduit le trafic de 9 % », assure Philippe du Payrat.
Si la semaine de 4 jours était appliquée en France, l’impact pourrait être majeur, sachant que :
70 % des salariés vont au boulot en voiture, selon l’Insee,
les véhicules particuliers sont responsables d’environ la moitié des émissions liées au transports en France,
les transports représentent presque 30 % de l’ensemble des gaz à effet de serre (GES), selon le ministère de la Transition écologique.
Alors, la semaine de 4 jours, remède pour la planète ? À condition de rester sobre le 5e jour !
Car si vous décidez de faire un week-end de 3 jours à New-York, le vol a une empreinte carbone par passager de… 1,8 tonne de CO2, selon Bpifrance. Et si vous faites du shopping, vos achats ont aussi un impact : 472 kg de CO2 pour une télé, 179 kg pour un canapé, selon le comparateur Impact CO2.
En pratique, et on s’en réjouit, le jour gagné est employé pour des activités plutôt sobres (cuisine, jardinage, bénévolat…). C’est ce que montre l’expérimentation menée au Royaume-Uni avec les universités de Cambridge et d’Oxford, dont les résultats ont été publiés en 2023.
Le bilan pour la planète dépend aussi de la manière dont l’entreprise gère la semaine de 4 jours. Si c’est pour laisser ses bureaux chauffés toute la semaine, aucune économie d’énergie à en attendre !
Au final, difficile de chiffrer précisément l’impact carbone de la semaine de 4 jours, mais une chose est sûre : il est positif, à condition que le 5e jour reste sobre en consommation.
90 % des entreprises valident la semaine de 4 jours
En revanche, le bénéfice pour les salariés et les entreprises est, lui, quantifiable. Les chiffres de 4 Day Week Global sont bluffants. « Après 6 mois de mise en œuvre, plus de 9 sociétés sur 10 ont poursuivi leur semaine de 4 jours » se réjouit Philippe du Payrat.
Avec plusieurs avantages pour les salariés :
moins de burn out (le risque est réduit des deux-tiers)
moins de stress (- 90 minutes en moyenne par semaine)
un meilleur équilibre vie pro / vie perso
une répartition plus équitable des tâches domestiques entre hommes et femmes
10 à 35 % de gain de productivité et de CA
Et, surprise, les entreprises sont elles aussi gagnantes :
moins d’absentéisme (jusqu’aux deux tiers),
moins de démissions (- 42 % au Royaume-Uni),
plus d’attractivité pour 80 à 90 % d’entre elles,
surtout, un gain de productivité et un accroissement du chiffre d’affaires de… 10 à 35 % ! Pourquoi ? Parce que les salariés sont plus concentrés et priorisent mieux leurs tâches.
Au vu de ces données, la semaine de 4 jours ne paraît plus si utopique que ça. « En 1926, personne ne croyait à la semaine de 5 jours. 20 ans après, c'était la norme », rappelle d’ailleurs Philippe du Payrat.
Alors, permis de rêver ?
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